Benoît Basse

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Philosophie

Traductions de livres anglophones

Kathryn Sofia Belle, Hannah Arendt et la question noire (2023)

[Hannah Arendt and the Negro Question, Indiana University Press, 2014]

Kathryn Belle analyse la position radicale défendue par Hannah Arendt sur ce qu’elle appelle la « question noire », en particulier dans ses « Réflexions sur Little Rock ». Cet article a suscité une vive polémique dès sa parution en 1959, Arendt s’opposant à l’arrêt Brown de la Cour suprême qui mettait fin à la ségrégation dans l’enseignement public. Ce faisant, elle manifestait sa profonde incompréhension de la lutte des Noirs américains pour leur émancipation. L’auteure montre que l’attitude d’Arendt s’explique non seulement par ses préjugés à l’endroit des Africains et des Afro-américains, mais aussi par sa distinction problématique entre le politique et le social. Selon elle, la sphère politique se caractérise en principe par l’égalité entre les citoyens. La sphère sociale, dont relèvent selon Arendt les établissements scolaires, implique au contraire un droit de discriminer, c’est-à-dire de fréquenter ou d’exclure les personnes de son choix.

Les thèses d’Arendt sur la violence sont également reconsidérées à l’aune du discrédit qu’elle jette sur la violence des opprimés plutôt que des oppresseurs, aussi bien dans le contexte de la lutte contre le racisme et la ségrégation que dans celui de la décolonisation.

Recensions :

_ Lionel Zevounou, « Hannah Arendt face à la « question noire » », Critique, 2024, n° 929 (9), pp.32-45.

_ Sylvie Schmitt, « Les errements d’Arendt », La vie des idées, 18 oct. 2023

_ Serge Cospérec, « Arendt, autrice raciste ? », Blog – Essais critiques, 14.09.23

_ Henri de Monvallier, « Antisémitisme, question noire : Hannah Arendt, le crépuscule d’une idole ? », La Fringale culturelle, #25.



Jonathan Glover, Questions de vie ou de mort (2017)

[Causing Death and Saving Lives, 1977]

Dans son ouvrage Causing Death and Saving Lives (1977), faisant figure de classique de la philosophie morale anglo-saxonne, le philosophe Jonathan Glover aborde une série de questions éthiques ayant pour enjeu commun la vie et la mort : l’avortement, l’infanticide, le suicide, l’euthanasie, la peine de mort et la guerre. A quelles conditions peut-il être légitime de donner (ou de se donner) la mort ? Sommes-nous en mesure, face à ces problèmes, d’offrir des réponses cohérentes ? La philosophie morale se doit ici de proposer un certain nombre de principes dont l’application constitue la véritable mise à l’épreuve. L’approche de Glover peut paraître largement conséquentialiste, mais elle s’avère en réalité pluraliste, dans la mesure où une importance significative est également accordée à la notion d’autonomie individuelle, ainsi qu’à l’exigence kantienne de traiter autrui comme une fin en soi, et non pas comme un simple moyen. En chemin, un certain nombre de critères, de principes et de doctrines se révèlent inopérants en raison de leurs conséquences impossibles à assumer. Cet ouvrage offre un des meilleurs exemples de ce que peut être la philosophie morale appliquée lorsqu’elle tente de se frayer une voie hors des deux écueils que sont le relativisme et le dogmatisme.

Recensions

_ Helen Zwingelstein, « Jonathan Glover, Questions de vie ou de mort », Archives de sciences sociales des religions, 188 | 2019, p. 330-332

_ Recension du site Les Philosophes.fr

_ Thomas Lepeltier, « Questions de vie ou de mort », Sciences humaines, n°310, janv. 2019.


Jonathan Glover, Choisir ses enfants. Conception, génétique et handicap (2020)

[Choosing Children. Genes, Disability, and Design, Oxford University Press, 2006]

Les progrès réalisés dans les domaines de la génétique et des techniques de reproduction  accroissent notre pouvoir d’élimination des handicaps et des maladies. Faut-il se réjouir de cette puissance, ainsi que de ses conséquences, ou au contraire la redouter ? Dans cet ouvrage, le philosophe britannique Jonathan Glover commence par s’interroger sur la légitimité des diagnostiques pré-implantatoires utilisés afin d’éviter la naissance d’enfants sourds ou aveugles, par exemple. D’où la nécessité d’une définition du concept même de « handicap ». Par ailleurs, il lui semble crucial de répondre à l’objection « expressiviste », selon laquelle le projet même d’éviter la naissance d’enfants porteurs de handicaps constituerait une atteinte à la dignité des personnes actuellement handicapées. En outre, la question se pose de savoir comment régler le conflit possible entre la liberté de choix des parents relative au patrimoine génétique de leur enfant et l’intérêt de ce dernier. Enfin, s’agissant de la distinction devenue classique entre une médecine strictement « thérapeutique » et une médecine « augmentative », Glover juge difficile, pour des raisons morales, de s’en tenir à la première.

Recensions

Marlène Jouan, « Des enfants à la carte ? », La vie des idées, 16 déc. 2020.


John Stuart Mill, Pour le droit de vote des femmes

Le 20 mai 1867, John Stuart Mill prononçait à la Chambre des Communes un discours resté dans les annales, car, chose jusqu’alors inouïe, il réclamait l’extension du droit de vote aux femmes. Traduits pour la première fois en français, les trois autres discours de ce recueil attestent de la constance de son engagement féministe. Mill y pourfend les arguments conservateurs sur la prétendue incapacité des femmes à exercer d’autres fonctions que domestiques ou leur manque d’intérêt pour les affaires publiques. Partisan de l’égalité des sexes, il plaide pour un partage des responsabilités civiles et politiques, soutient que les différences observables entre les deux sexes sont le produit de l’histoire et de la domination masculine.


Traductions d’articles anglophones

Alison Stone, « Penser la naissance avec Massimo Fagioli »

À paraître en 2024.

Herbert Hart, Prolégomènes aux principes de la peine

Droits, trad. B. Basse et N. Nayfeld, 2022/2, n°76, p. 251-276.

Jonathan Glover, « Anna Karénine et la philosophie morale »

Revue d’études benthamiennes, trad. B. Basse, n°15, 2019.

John Stuart Mill, « Plaidoyer en faveur de la peine capitale » (1868)

[Speech in favour of death penalty]

Revue d’études benthamiennes, trad. B. Basse, n°12, 2013.